La page blanche

LA PAGE BLANCHE

Taille : 152 X 52 X 45 cm
Matériaux : Plâtre, bois, acier, or fin
Date de réalisation : 2017

La page blanche

L’assemblage rappelle les représentations de Sainte Anne apprenant à lire à Jésus ; il est composé d’une sculpture votive polychrome présentée dans les églises qui honorent les saints. La matière est fluide rendue par les nombreux plissés des robes. Les contrapposto des deux personnages accentuent le mouvement des membres ; les pieds et les mains découverts rythment la masse constituée des deux corps unis posés sur un rocher. Anne place une main sur l’épaule de Jésus, l’autre tient un phylactère qui se déploie dans les mains de l’enfant. Une représentation commune dans l’histoire de l’art religieux. Cependant les statues ont perdu leur tête. A la place, deux pièces de bois, articulées sur l’axe du cou se déploient dans un mouvement symétrique comme un livre ouvert. Les deux protubérances surgissent de l’intérieur des corps comme des végétations croissantes. Leur forme de coquillage enroulé sur lui-même évoque des créatures organiques, proliférantes ou des têtes de monstres archaïques protozoaires. Issues d’un monde lointain, antérieur ou futur indéterminé, leur forme, leur matière, leur couleur, leur texture les opposent à la matérialité lisse et blanchâtre des sculptures fantomatiques, évanescentes, en suspension d’Anne et Jésus. Ces deux moules industriels incongrus témoignent de la présence d’un monde nouveau sans passé, sans croyance, sans mythe, sans récit qui s’ouvrent sur une surface dorée à la feuille, disque de pure lumière.

Patricia Marszal