' Le voyage en caisse - Hervé Lesieur
logo

Le voyage en caisse


Le voyage en caisse

Performance réalisée les 30 et 31 mai 1979 entre le 28 rue Lebacq à Divion et l’école des Beaux Arts de Tourcoing.

Vidéo : Eric Eloy (La bande-vidéo est désormais illisible).

La caisse : 148 X 122 X 100 cm – Poids total en charge 184 kg. Bois.

Intérieur Caisse - Voyage en caisse - Hervé LesieurInventaire du contenu  :

  • 1 polaroïd dans une housse
  • 1 livre : L’ombilic des limbes d’Antonin Artaud
  • 2 stylos bille
  • 1 bloc de papier à écrire
  • 1 morceau de chiffon
  • 1 matelas en mousse de polyuréthane 150 X 60 X 10 cm
  • 1 matelas en mousse de polyuréthane 40 X 60 X 10 cm
  • 1 sac de couchage
  • 500 g de gruyère
  • 500 g de raisins secs
  • 1 plaque de chocolat
  • 2 gourdes d’eau de deux litres chacune
  • 1 boite en bois pour les deux gourdes et les aliments
  • 1 bidon de dix litres pour contenir les urines
  • 1 bidon de cinq litres
  • 1 boite hermétique pour les excréments
  • 1 entonnoir
  • 1 tuyau de cinquante centimètres
  • 1 rouleau de papier hygiénique
  • Plusieurs sachets en plastique
  • 1 lampe de poche
  • 1 hache
  • 2 sangles de cuir

 

C’est mon propre corps que je mets à l’épreuve dans le « Voyage en caisse », une des premières performances réalisée à l’école des Beaux-Arts de Tourcoing. Il est enfermé dans une caisse plus petite que mes propres mensurations, et livré par les transporteurs de la SERNAM, en tant que sculpture dans l’espace d’exposition de l’école. Il est mis à l’épreuve, soumis aux aléas du transport, aux conditions de survie, à la clandestinité. Je suis amené à résoudre les problèmes de fonctions organiques : manger, boire, dormir, évacuer et stocker les déchets corporels sans attirer l’attention sur mon existence dans la caisse. Je suis resté immobile et silencieux dans le noir à l’intérieur de la caisse pendant 36 heures. Seuls les chiens de garde ont flairé ma présence pendant la nuit.

Mon transport en caisse par la poste est donné à voir comme un spectacle. A l’arrivée, la caisse apparaît d’abord seule sur le plateau du camion ; Les spectateurs dans l’atrium de l’école des Beaux-Arts attendent. Elle descend lentement puis elle est saisie par quatre manutentionnaires et emmenée au centre de la salle d’exposition. Comme un grand ordonnateur ou metteur en scène, celui qui a la charge de m’accueillir, va diriger les déplacements, l’installation et l’ouverture. Le spectateur ignore tout de l’évènement et du contenu de la caisse. Il sait que le moment est solennel, le temps que nécessite le déboulonnage du couvercle ménage le suspense. Quand il se soulève, la surprise est totale. L’espace scénique se convertit de la salle à l’intérieur de la caisse, le véritable théâtre des opérations. Il révèle l’espace de vie comme un plateau a minima. Tous se penchent pour distinguer son contenu. Les accessoires, bidons, sangles, hâche traduisent les traces indicielles de l’activité qui s’est tenue dans la caisse. Le spectacle de son ouverture est théâtral. La sculpture quitte son habitacle protecteur comme un gastéropode sa coquille, abandonnant les déchets odorants de son activité souterraine et obscure.

► Lire le compte rendu du voyage en caisse

► Lire Hervé Lesieur ou la corrosion par Paul-Armand Gette

► Lire L’atelier en œuvre Hervé Lesieur, Eric Amouroux – 1998