' Le miroir de Vénus - Hervé Lesieur
logo

Le miroir de Vénus


 

Ce travail a été réalisée pour l’exposition « les tableaux fantômes » dans la salle d’exposition de l’Université Catholique de Lille, 60 bd Vauban, du 19 septembre au 14 octobre.

Le 6 mars 1918, deux camions militaires sont amenés à Bailleul « afin de prendre au musée les oeuvres à évacuer ». L’opération, bien que « froidement, méthodiquement et sûrement conduite » se fit sous les bombes et la mitraille. Le volume des collections dépassant largement celui des véhicules, près de 70% des œuvres furent abandonnées à leur sort. La plupart d’entre-elles ont été détruites par les obus qui anéantirent la ville entre avril et septembre 1918. Les autres n’échappèrent pas aux pilleurs d’épaves.

La proposition faite aux artistes pour cette exposition collectives était d’imaginer une œuvre en regard d’un des tableaux perdus en s’inspirant de petits textes retrouvés après la guerre qui décrivent les peintures perdues.

 

LA FILEUSE OU LE MIROIR DE VÉNUS

Matériaux : bois peints, cuivre, acier, or fin, image.
Hauteur : 34cm variable ; largeur: 26cm ; profondeur: 41 cm
 
Dans l’huile sur carton de petit format disparue, une jeune ouvrière est assise devant un rouet qu’elle fait mouvoir avec son pied. Elle est à côté d’une fenêtre à petits carreaux, dont une moitié est ouverte et qui laisse pénétrer l’air et la lumière dans le modeste réduit qu’elle occupe. Le ciel est trouble. Le soleil semble voilé et cependant la fileuse s’est garanti la tête avec un foulard rouge.

Les notions d’espace et de lumière que j’ai retenues se voient traduites à travers une interprétation de la scène qui évoque la présence masculine dans un intérieur clos en présence d’une fileuse. La pièce de bois de forme complexe que j’utilise est issue des moules destinés à la confection des pièces de fonte mécaniques des usines textiles trouvées dans une ancienne filature du nord de la France.
Ce volume repeint qui s’ouvre par un oculus reçoit l’image de la fileuse proche de la Vénus de l’abri Pataud. Seul son reflet apparaît sur une surface circulaire de cuivre poli ouverte laissant pénétrer la lumière comme dans un coffret fixé dans l’axe perpendiculaire du mur. Cette Vénus spéculaire file les quenouilles de l’amour.

Hervé Lesieur
Le 05 septembre 2016