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Texte écrit par Alexis Trousset pour «Le nouveau repas électrique »

Texte écrit par Alexis Trousset pour «Le nouveau repas électrique » d’Hervé Lesieur à Wattwiller le 24 mai 2015

Ma boule

Au début

Au début tout va bien

Au début tout

Au début

Ça va bien

Au début ça se passe bien et puis j’ai envie de manger

J’ai faim je mange en permanence je mange parce que je regarde le monde et le monde me donne envie de le manger

Si je mange le monde alors je me monde et j’avale tout

C’est par les yeux que ça arrive dans l’histoire de je mange tout ce sont les yeux qui dirigent tout

Nous mangeons des yeux des images

Dans l’histoire de je mange tout le nez est secondaire il est important au moment de la cuisson des aliments

Les yeux conditionnent les babines

Les problèmes arrivent

Les problèmes arrivent avec la salive des yeux

C’est très subtil comme phénomène

Les rikikis ne sont pas invités au repas

Dégage le rikiki

Dégage ici on mange

Mange tout

Le ramassé mastiqué pour rien du tout

Un bon rikiki-viande

Un rikiki-bout

Bon à tirer à mâcher à expulser même les humains

J’ai le moral j’ai la dose du traqueur-mangeur

Le moral est toujours bon

Je veux tout

Tout manger

Tout de suite

Un jour il n’y aura plus rien 

Je mange

Je mange vite avant les autres j’ai une longueur d’avance pour le repas

Je prépare mes plateaux-repas avant l’avarie des productions alimentaires

Du coup j’ai du bide plein d’ego et une gueule bien mauvaise une gueule à ordure je suis l’avant-garde de la gueule qui mange tout

Mange tout l’avant gueule

Mon bidon est plein de truc c’est plus possible il faut vider mon ventre ça déborde de partout vider le bidon en le laissant couler dans l’inconnu

Je suis au bord du vide d’un déluge de ventre à bouche ouverte qui ravale tout 
J’avale : Coca-Cola, big-Mac big-Mac, banga-banga, pâtes Lustrucru, Nesquick-nesquick, Fanta-orange
J’avale : Babybel rouge, William’s Saurin, Fanta citron, croquettes Félix, patte Lustucru, Pepsi-cola.
J’avale : Kellog’s corn flkes, sauce Buitoni, couscous Garbit, big Quick-burger, blé géant vert, fraise Tagada
J’avale : Stella-artois, Nestlé-dessert, purée Mousseline, Lipton yellow, café Méo, Kinder surprise
J’avale : ravioli Panzani, Mac chiken, Mac burger, pot de Nutella, cracotte gourmande, moutarde Amora, camembert Président
J’avale : Nestlé-dessert, Perrier c’est fou, moutarde Maille, Volvic-volcan, riz oncle Ben’s, Findus pizza
J’avale

Digère

Mastique

Déglutis
Recrache et je mange le manger en mangeant mes restes mal digérés c’est comme ça que tout est arrivé j’ai mangé une nourriture programmée je me suis cultivé par imitation de ceux qui digère tout

Je me cultive de l’intérieur et ça pousse lentement en dedans la boule arrive elle vient la grosse bien noire la grosse d’envie est là sans rien faire juste avaler énormément sans rien connaître de l’avalé qui me foire de l’intérieur

Ça grandit ça pousse la bouboule

La bouboule s’agite dans le mental elle tourne se retourne sans aucune raison la boule déboule pour elle-même

C’est le concept de la boule ou du corps bidule qui met ta tête dans ton ventre

Avec une boule en dedans tu deviens plus lourd le monde aussi devient lourd tu deviens ton propre boulet tu deviens une sorte de boulette une boulette de viande et quand tu te vois tu as faim

Tu fondes le projet secret de te bouffer la boule une bonne fois pour toutes

Partout il y a des miroirs ils me reflètent moi la bonne boulette de viande la chaire à boulette dans les miroirs je me reflète et quand je vois ma tête j’ai envie de me manger

La faim arrive de me voir 

Boulette gratuite

Boulette à manger de viande

Je me rêve en festin alors les gens arrivent avec leur drôle de gueule d’envieux je leur donne faim aux gens ils sont agressifs ils me bousculent je roule vers l’avant je suis l’avant-gueule de l’humain finissant en boulette

Je ne veux pas finir piétiné ils ont de plus en plus faim

Alors je me rentre à l’intérieur

Comme bétonné

C’est une bonne intention pour moi

Tout va bien

C’est humide et chaud

On est bien dans sa boule

Ah ! on est bien c’est sécurisé et je peux tout surveiller

J’observe les autres qui arrivent pour me manger

La température monte le monde a faim des yeux

Le monde a faim des yeux

Surveilles ton bidon

Debout le monde l’univers bidon dans un corps bidon dans un futur bidonville on est dans la bidonne intégrale intégré en masse

Je me fous de la gueule de tous ces mondes de gueules mortes les gueules mortes m’entourent mais ma boule est bien vivante

Je suis contant j’ai gagné une boule qui peuple mon ventre j’ai progressé dans mon existence je m’améliore dans la vie je me responsabilise et je m’engage dans la culture de boule

Ce n’est pas rien du tout

Il n’y a rien au-delà de ta boule

Je suis un point

Je suis une sorte de point final
Je suis une réduction de ce qui mange tout par petit bout
En avant, en avant avec ta boule
Tout bouffer tout bouffer avec ta viande
Des boulettes des boulettes des boulettes ouvrent ton ventre
Digère tout digère tout avec ton bide
Estomac, estomac, bouche à bouboule
À l’assaut, à l’assaut, à l ‘assaut avec ta bouche
Tout détruire, tout détruire, tout détruire avec tes dents
Bien manger, bien manger, bien manger le rebouffé
Abattage, abattage, abattage ton corps sanguinolant
Faut taper faut taper les viandes avec tes os
Décapsule décapsule, ouvre ton crâne avec les mains
C’est la boule, c’est la boule des digérés
Je mâche

J’avale

Je crache

Je vomis

Je ravale tout
Ils sont jaloux ils veulent une boule c’est la mode des boules

Maintenant la boule c’est à la mode

Comme personne n’a tiré le bon numéro cette année au loto tout le monde veut une boule et ça m’énerve ce conformisme de la boule de tout de façon je m’en fous quand toutes ces têtes de nœuds auront une boule je serai crevé.
Alexis Trousset

Texte écrit pour «Le nouveau repas électrique » d’Hervé Lesieur à Wattwiller le 24 mai 2015

 

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